Ce projet trouve sa source dans un voyage effectué en 2007 en Pologne dans les camps d’Auschwitz-Birkenau, Belzec, Majdanek, Sobibor, Treblinka et Chelmno. Comment la peinture pouvait-elle s’attaquer à la trace? Re-tracer? À la suite de Georges Didi-Huberman dans Écorce, j’étais à mon tour hanté par le petit bois de bouleaux d’Auschwitz, par les immensités de pins et de neige qui recouvrent aujourd’hui le camp de Sobibor. Qu’y pouvait la peinture? Comment s’inscrivait-elle dans la mémoire? Avait-elle à voir avec la mémoire? Fallait-il peindre, comme Zoran Music, des amoncellements de corps sans vie? Pour un homme né en 1970, il ne peut être question de cadavres - ils n’existent plus, ils n’appartiennent plus au paysage. Il ne reste rien à montrer, ou à voir - la forêt ou le musée ont repris leurs droits.
Une série de toiles où les arbres et le paysage de neige assument seuls les atrocités passées. Ils sont la trace, l’unique trace. Qu’est-ce que marque un paysage? De quoi est-il fait? Possède-t-il une mémoire? En y superposant des oies au pochoir, une impression, s’ajoute une seconde couche, un second niveau de réalité, celle de la légende, de l’horrible légende qui dit que les cris des oies couvraient les cris des déportés courant vers la destruction.